Flotter, amerrir, réajuster…

Lille…quittée il y a 5 mois…ne semble pas avoir beaucoup changée. Le long des canaux qui nous amènent à la métropole, nous sommes excités, nous flottons dans une petite bulle euphorique. Les amis sont présents, un soutien qui n’est pas négligeable, comme une main plus ferme et plus forte qui nous maintient, pauvres cyclos de la route que nous sommes et qui avons perdu nos repères. Lire la suite

Mittellandkanal ( ou la dure réalité des cyclos)

 

Jour 1 : départ d’Hannover tous guillerets, il fait doux, nous trouvons la route tout de suite. Ah ce joli canal, les insectes créent une petite mélodie, ce chemin est rupestre, parsemé de petits cailloux. Nous essuyons 2 crevaisons mais c’est un monde sans voiture….j’adore cet endroit !
la nuit le long de ce fleuve artificiel est tranquille, quelques piqûres de taons mais il faut bien les nourrir un peu, ils nous offrent le logis ! Les péniches glissent sur l’eau, tout est zen…image

Jour 2 : réveil aux aurores. Il fait chaud, nous sommes collants et le débarbouillage de la veille n’est pas aussi efficace qu’une douche. La famille taons d’hier à prévenu les siens, impossible de déjeuner ici. Ils sont déchaînés ! Nous remballons fissa et commençons à pédaler à jeun. Il faudra 10 km pour en être, un peu, débarrassés et remplir nos estomacs. Les petits cailloux du sentiers se transforment en voie de chemin de fer désaffectée, caillas et nids de poule. Lire la suite

un jour sans fin

 

Il aura commencé sous la pluie, sur fond gris, tranquille. Petit à petit, les gouttelettes se sont étoffées et nous voilà ce midi bien humides à la chasse aux grenouilles, un sandwich à la main le long de ce canal… Objectif : atteindre l’Elbe dans l’après-midi pour, peut-être, se tester avec notre caravanes de 4 chameaux dans ….un train ! Lire la suite

Demi teinte…

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Il semble bien loin le rythme apaisant des cités scandinaves vêtues d’ocre. Copenhague n’y appartient pas. Serait-ce ces nuits au clair du jour estival qui rend la Suède si paisible ? Ou le jaune-orangé qui habille la capitale danoise qui la rend si nerveuse ? Je n’en ai pas la réponse.  Lire la suite

Ocytocine…hormone de l’attachement

Les voyages, la vie nomade bousculent les repères…les nôtres mais aussi ceux des gens que nous croisons. Ces belles rencontres, courtes et intenses, capables de bousculer à jamais. Telle est la vie à bord de Biporteur forever.

Il y a aussi, comme en mer, ce huis clos. Nous sommes liés les uns aux autres pour le meilleur et pour le pire.
Et la vie de couple, me direz-vous ? Il faut, en effet, avoir les hormones en ébullition car il te faudra surmonter quelques obstacles.
Commençons par la fatigue. Le nez au vent toute la sainte journée, les cuisses et les mollets en effort constant, le mental suivant le tout, digne voiture balai, il se doit d’être présent dans les coups de pompe ! Alors le soir se peaufinant, te restera-t-il encore un peu de courage ?
Oui ? Parfait.
Tu as pris soin de mettre dans tes bagages ta progéniture, rappelle- toi, tu voulais leur faire découvrir le monde, qu’ils voient les différences comme une force, qu’ils goûtent à la persévérance, la réalisation d’un rêve…et ce soir…ils sont là aussi ! Ils ont faim, ils ont la couleur d’un chemin de terre et portent sous les ongles tout le peuple des minimoys ! Ils te faudra donc réaliser tes tâches de parents accomplis… Quand arrivera l’heure de l’histoire…
Dans ce petit habitacle qu’est la tente, tu devras t’armer de patience jusqu’à ce que Morphée, enfin, accueille tes baroudeurs en herbe.
L’idée d’un petit câlin est toujours en toi ?
Alors maintenant, pries. Pries pour que le dieu des cyclos soit avec toi. Qu’il est veillé à ne pas comprimer le canal pudendal de ta moitié, qu’il est pris soin de ne pas faire cultiver de champignons entre ta selle et toi, que le vent, les pentes de la journée et la transpiration aient laissé le cliché sexy du muscle luisant dans l’effort sous un effet coiffant l’Oréal dans l’œil lubrique de ton partenaire. Parce que tu le vaux bien ! 
Alors…l’amour est à l’épreuve des balles et dans cet habit de toile, dans la douceur et la lueur d’un soir scandinave, avec le chant de oiseaux roulant les R suédois comme fond sonore, laisse-toi aller, si méritant, ce moment sera un doux morceau de chocolat fondant dans la bouche à bonne température…en mieux !
Tu regagneras toi aussi le royaume de Morphée le sourire aux lèvres, il est plus de minuit, dans quelques heures tu vas remonter sur ta selle, produire une quantité d’endorphines tellement indécentes que le sourire ne te quittera plus… Et ton ocytocine, hormone suprême de l’amour, éclabousse à longueur de journée ton aimé, n’es crainte, de l’envie il restera toujours…  

Mirage-virage

Immersion suédoise…

Installez-vous, fermez les yeux, respirez tranquillement, on y va !
La route est raide, longue et sinueuse ( comprenez : 10%, 62 km sur la journée et les montagnes du haut Doubs). Les voitures sont rares et viennent rompre un silence troublant lorsqu’elles passent. Nous sommes sur les flancs de Suède. D’un côté, de la roche claire où poussent, par on ne sait quel miracle, des sapins collés les uns aux autres et qui donnent cette obscurité propre aux forêts de conifères. De l’autre, une vue sur l’un des nombreux lacs qui humidifient le pays ou sur une autre forêt, en contre bas cette fois où la terre plus fertile aident les sapins à atteindre les 15 mètres de hauteur. Le paysage a quelque chose de grandiose et d’oppressant à la fois. Le silence, la sensation d’être seuls, des maisons isolées de bois peintes en rouge semblent plus mystérieuses qu’accueillantes, leurs trolls mystiques sculptés ça et là nous regardent passer. Régulièrement, ce paysage laisse place à un zone de forêt défrichée. Il semble qu’un géant en colère a tout dévasté sur son passage ou, comme le ressent Eliott, on arrive après la guerre des arbres. Votre imagination commence à dresser le décor ?
Dans cette atmosphère mi féerique, mi satanique, débarque un orignal… Emblème du pays, il semble que cet animal est un brouillon de la création. Il fait tenir sur 4 longues pattes de chevreuils, un corps qui semblent bien trop musclé pour ses membres. Son encolure démesurée rappèle à s’y méprendre celle du cheval qu’on aurait esquissée sur un premier dessin. Quand à son nez, « C’est un roc !… c’est un pic ! . . . c’est un cap !

Que dis-je, c’est un cap ?… C’est une péninsule ! »

Il nous regarde, interloqué par ce drôle d’équipage. Nous faisons de même, abasourdis par sa gigantesque taille et cette rencontre lunaire.
2 222 kilomètres se sont affichés au compteur aujourd’hui. Les yeux toujours écarquillés, les cuisses et les mollets plus aiguisés que jamais, une lichette de regret pour ne pas rouler jusqu’à Stockholm, nous amorçons officiellement le demi tour. Ce soir à Åsa ( prononcez ossa), régalez-vous petits moucherons tigres, bientôt nos peaux ne seront plus dans les parages !